J'écouterai leur cri
Cinq regards de femmes sur la crise des abus
Monique Baujard - Geneviève Cormeau
Joëlle Ferry - Thérèse de Villette - Agata Zielinsky
La Xavière
Éditions Emmanuel
170 pages - 18€
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ISBN : 9-782-38733-035-5
Pour vous procurer le livre :
https://www.editions-emmanuel.com/catalogue/jecouterai-leur-cri/
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Quatrième de couverture :
Le 5 octobre 2021, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) présentait un rapport qui dévoilait l’ampleur et la profondeur de la crise des abus dans l’Église. À partir de leur expertise, mais aussi comme femmes, croyantes engagées dans l’Église, les autrices de ce livre nous partagent leur réflexion née de ce séisme.
Thérèse de Villette, criminologue spécialiste de la justice restaurative, nous invite à comprendre le vécu des victimes et celui des agresseurs pour offrir une démarche de transformation. Geneviève Comeau, théologienne, nous propose un retournement théologique en posant la question du mal non plus seulement du point de vue du pécheur, mais aussi de la victime. Joëlle Ferry, exégète, nous entraîne dans un parcours biblique sur le thème des abus. Agata Zielinski, philosophe, montre comment le travail de vérité effectué par la Ciase nous convoque à sortir de l’entre-soi. Enfin Monique Baujard, ancienne directrice du service famille et société de la CEF, met en lumière les impensés de l’Église institutionnelle révélés par la crise.
Une lecture passionnante et salutaire.
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Un an après le rapport de la CIASE, des abus existent encore et sont couverts un certain temps. N'y aurait-il aucun changement dans l'Église ? Les réflexions et propositions de quatre religieuses xavières offrent diverses voies d'action et de solutions. Cependant, il est véridique que tout changement prend du temps et que les mentalités sont lentes à évoluer.
Le rapport de la CIASE parle de "la crise des abus" alors qu'il faudrait honnêtement dire : agression sexuelle d'adultes sur mineurs puisqu'il s'agit bien de cela. C'est une preuve de la difficulté à reconnaître pleinement les faits.
Depuis plus de soixante-dix ans, l'Église a nié et couvert le mal et les victimes le sont doublement : agressées et non reconnues voire culpabilisées. De plus, il lui est reproché le peu de prise en compte des victimes. Ceux qui savaient, ceux qui savent encore et toujours, pêchent par omission en pratiquant une Ignorance volontaire.
Il faudrait unir les deux courants théologiques,- celui qui s'intéresse au pêcheur (courant dominant dû au péché originel) et celui qui s'intéresse à la victime-, pour parvenir à un équilibre et mettre les victimes au centre des pratiques religieuses. Les victimes ne doivent plus être ignorées et rejetées. La justice restaurative prônée par Thérèse de Villette est une voie pour réussir cette unification théologique tout en aidant les deux parties.
Joëlle Ferry dans sa (re)lecture de la Bible nous fait découvrir les passages oubliés ou cachés dans lesquels il est question de violence, de viols et de dénis. Jésus lui-même est victime d'un abus : celui du pouvoir des autorités religieuses, civiles et politiques. Il est l'homme (Ecce homo) dont le corps symbolise tous les corps violentés, abusés, brisés. Et Il est aussi culpabilisé et rejeté. Tout comme les enfants victimes des "abus" des religieux.
Pour faire évoluer l'Église, amener la vérité totale et permettre aux victimes d'avancer, il faut qu'elle quitte l'entre-soi, c'est à dire que cette crise doit être gérée avec des personnes qui ne sont pas forcément Issues de l'institution ou de la religion catholique. Dès les années 2000, une étude est menée, en interne, sur les "abus" mais l'ampleur de ces derniers passent inaperçus. Cependant, certaines actions sont mises en place pour les supprimer. Il apparaît que cela fut insuffisant.
Ce livre traite d'une question malheureusement toujours d'actualité comme le prouve l'accusation d'un adolescent envers un prêtre des environs de Rennes. Même si sa lecture est parfois dérangeante et questionnante, elle est salutaire en nous montrant que toute l'Église n'est pas "pourrie" et que la situation n'est pas sans espoir. Les auteurs nous prouvent qu'un changement est possible,- voire obligatoire -, en suivant leurs réflexions, entre autres. Il apparaît aussi que c'est à chaque paroisse de trouver le meilleur chemin pour aider les victimes en les écoutant et un créant un rite de partage et de "guérison".
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